Je gagne le sprint du peloton au GP de la Marseillaise pour ma première course, mais ensuite dès la première étape du Tour du Qatar, je chute, sans gravité certes mais le lendemain et les jours suivants, je peinais à prendre les risques nécessaires pour m'imposer. En plus de cela, je n'étais entouré que de hollandais (Brice et Stéphane étant sur le programme français) et avec encore à ce moment là un anglais très approximatif, je n'étais donc pas très à mon aise pour communiquer avec les autres et en course cela me demandait beaucoup de concentration pour comprendre les consignes ainsi que m'exprimer.
Malgré la bonne volonté des autres coureurs et du personnel qui venaient vers moi, je n'étais pas trop à mon aise. Cela se ressentait dans mes résultats, je n'étais pas le "Romain" jovial et très optimiste des années passées et cela était très pénalisant sur le vélo.
Par la suite, bien que toujours très motivé, je me faisais du mauvais sang, expression qui prend je pense tout son sens, car le stress (mauvais stress...) que j'avais me rendait "mou comme une feuille" (petite pointe d'humour au passage...) et je n'avais pas assez d'adrénaline dans les sprints et dans tous les moments clefs de chacune des courses.
Je gagne maintenant mais cela fait au moins 3 mois que je j'étais un coureur capable de gagner une course, je sentais revenir ce frisson qui vous rend capable d'augmenter votre puissance physique par dix pour un effort bref, en effet lors du sprint massif du GP de l'Escaut ou lors des 3 jours de La Panne, je sentais que j'étais en état pour conclure glorieusement un sprint massif mais j'avais alors perdu la confiance des autres coureurs et en plus de cela je manquais de chance.
De fin avril jusqu'au Championnat de France, la condition était plutôt encourageante et chaque fois, il me manquait ces deux ingrédients fortement nécessaire que sont la confiance des mes collègues et la réussite afin de conclure victorieusement.
Néanmoins, je n'ai pas ressenti trop de pression de la part de mes directeurs sportifs ni même du manager, je pense qu'ils savaient chacun que je redeviendrai d'ici quelques temps ce coureur capable de gagner. Ils voyaient que je mettais de la bonne volonté, que je faisais des progrès en anglais, que j'allais vers les autres...
Le soir du championnat de France, je termine en tête de peloton avec encore de bonnes sensations sur un circuit sélectif bien qu'ayant roulé en début de course durant 20 kilomètres puisque les gars de Roubaix et nous n'avions personne dans ce groupe d'une cinquantaine d'éléments qui venait de prendre le large. Ce n'était pas une victoire mais j'étais encore là au bout de 250 bornes...
Le lendemain, je demande à mon directeur sportif (Hilaire Vandershuren) et au manager (Daan Luijkx) de me laisser plus d'un mois pour récupérer et me ré-entraîner avant de revenir à la compétition, je leur explique que je suis content de courir pour eux et que je suis conscients que ma première partie de saison a été totalement ratée. J' ai fait la promesse orale et par e-mail que je serai compétitif dès mon retour et que je lèverai les bras d'ici à la fin de saison.

J'avais pris là un engagement que je devais tenir car Daan m'avait dit lors de notre première rencontre (début Août 2009...) qu'il allait apprendre le Français pour échanger facilement avec nous et en Juin, il le parlait presque couramment tandis que de mon côté je n'avais rien gagné. Chaque jour de Juillet, j'ai pensé à cet engagement que j'avais pris et chaque fois que je faisais une petite erreur dans ma préparation comme par exemple manger un dessert ou me coucher après 22 heures, je culpabilisais. Je me suis entraîné sérieusement en ce mois de Juillet comme je l'avais déjà fait en 2007 et 2009 après des abandons en début de Tour de France, cela porte déjà ses fruits...

Je suis vraiment heureux d'oeuvrer à faire grandir la notoriété de Vacansoleil, car j'ai rencontré plusieurs fois le PDG de l'entreprise (Wim Backers) et j'ai senti qu'au-delà d'être un businessman, c'est un vrai passionné de vélo, quelqu'un que je n'ai pas envie de décevoir et à qui je souhaite tout simplement de louer tout l'été chaque "mobil- home" qu'il possède. Je veux absolument terminer la saison avec le sentiment du devoir accompli, comme j'avais quitté l'an passé la formation Agritubel de mon désormais ami José Fornès (qui lui aussi était un grand passionné de la petite reine) en ayant un immense sentiment de fierté d'avoir aider son entreprise à surmonter cette crise financière qui a touché la France.

Je voulais vous dire que j'ai vraiment conscience d'être quelqu'un de très chanceux ce soir et que toute la peine que j'ai eu pour enfin trouver mon équilibre dans cette équipe est aujourd'hui effacée par cet immense sentiment de bien-être qui m'envahi, je vous remercie tous pour votre soutien et vous donne rendez-vous sur mes prochaines courses et si je j'ai l'opportunité de faire un clin d'oeil à une caméra lors d'une de mes prochaines courses, prenez le pour vous en guise de remerciement pour votre fidélité. Cette victoire n'est, j'en suis presque certain, que le début d'une belle série car c'est dans la difficulté que l'on se construit, je veux désormais me construire un aussi grand palmarès que mon début de saison a été difficile à vivre...

J'ai pris une bonne heure pour rédiger cette nouvelle mais cela me semblait important de vous faire partager mes émotions et mon ressenti sur cette aventure que je suis en train de vivre.